Des rires d’adolescents. Ils parlent, ils rigolent, de tout et de rien. Ils ont bu, ils sont incontestablement bourrés. Puis soudain, un choc. La voiture de derrière leur a foncé dedans. Ils n’étaient pas attachés. Un des adolescents traverse le pare-brise pour se retrouver à trois mètres de la voiture. La fille est en sang, pourtant elle a l’air consciente. Elle respire. Ses yeux sont ouverts et pourtant, elle ressemble à une morte. Elle ne se relève pas. Sa respiration se fait de plus en plus difficile. Elle sent quelqu’un la relever, du moins essayé. Il lui parle. Elle ne l’entend pas bien. « Tiens bon, petite… Les secours… » Puis, plus rien. Ses yeux se ferment, elle tombe mollement dans les bras de l’homme qui la tient. Comme une poupée de chiffon. Comme une morte.

« AH ! »

Je tourne la tête, je ne sais plus où je suis. Mon cœur bat à cent à l’heure. Je mets quelques minutes à me rendre compte que je suis dans ma chambre, chez moi. On toque à ma porte, ce doit être mes parents.

« Oui, entrez. »

Ce sont bien mes parents. Ma mère tient une bougie dans sa main, pour éclairer. Je vois du soulagement dans leurs yeux en voyant que je n’ai rien mais je vois aussi de l’inquiétude. Ce n’est pas la première fois que je me réveille après avoir fait ce cauchemar… Ce cauchemar qui n’en est en fait pas un. Pas tout à fait. Cependant, je n’ai jamais dit à mes parents ce qu’il y avait dans ce rêve. Mon accident de voiture, celui du rêve, remonte à un peu plus de 6 mois. C’était pendant les vacances de Noël. J’ai 15 ans lors de cet accident, et je les ai toujours maintenant. Je n’aurai seize ans que dans trois semaines. Ma mère s’assied sur mon lit et me prend la main, doucement.

« Katniss… Je t’en supplie, raconte nous ce qui te fait faire des cauchemars au point que tu te réveilles en criant presque chaque nuit… Nous aimerions savoir. De plus, ce n’est pas bon pour toi de tout garder, ma chérie. Ton état nous inquiète, ton père et moi… »

Ma mère est au bord des larmes. Je ne m’étais pas rendue compte que je leur avais fait tant de mal en ne parlant pas. Mon amnésie m’a renfermée sur moi-même, c’est très dur à vivre. Je me rappelais de mes parents et de mon grand-frère lorsque je me suis réveillée. Mais j’avais oublié mes cousines, mes tantes et même mes grands-parents. D’ailleurs, j’ai toujours un peu de mal mais ils se montrent tous très patients et très gentils avec moi. Je ne me souvenais pas de grand-chose en vérité. Je ne me rappelais pas être une sorcière, ni-même de Poudlard… Je soupire doucement puis regarde tour à tour mon père et ma mère. J’inspire profondément.

« Je ne voulais pas vous inquiétez en ne parlant pas de mon cauchemar. Justement, c’était le contraire. Mon cauchemar est toujours le même. Je me réveille toujours au même moment… Je revis mon accident de voiture. C’est comme si je me retrouvais une nouvelle fois dans cette voiture, que je traversais une nouvelle fois le pare-brise. Que j’entendais une nouvelle fois la personne me dire de tenir bon et m’appeler ‘petite’. Que je sombrais une nouvelle fois dans le coma, tombant mollement, telle une poupée de chiffon, dans les bras de cet inconnu… J’aimerais oublier tout cela. Que cet accident s’efface mais chaque jour, j’y penserais… Chaque jour, mon esprit me le rappellera, alors que je ne parviens pas à me rappeler de mes premières années à Poudlard, ou même de mon enfance avec vous. C’est tellement dur… Tellement dur de savoir que je suis la seule qui ait survécu. Que les autres sont morts et moi pas. Pourquoi ? Pourquoi ?! »

Mes paroles font du mal à mes parents, je vois même des larmes dans les yeux de ma mère. Mais ils avaient besoin de savoir… Je me suis souvent demandée pourquoi… Pourquoi moi ? Pourquoi ai-je survécu ? Pourquoi pas une autre ? Je ne sais pas…

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Aujourd’hui, c’est le jour de ma rentrée à Poudlard. Je n’ai plus mit les pieds là-bas depuis… Longtemps. Je ne me rappelle pas du château mais ce n’est pas trop grave. Mon père affirme que ça me reviendra avec le temps, c’est ce que les médecins ont dit. Moi, j’espère juste. Le directeur a bien voulu me faire passer en cinquième même si je n’ai pas passé mes examens. J’ai toujours eu de bonnes notes de toute façon. Mais il m’a aussi dit que, si je le souhaitais car je n’arrivais pas à suivre, je pourrais changer de classe en cours d’année. Je dois avouer que la rentrée me fait peur, mais j’aurai mon frère avec moi alors ça devrait bien se passer. Nous sommes arrivés à la gare, sur le quai 9 ¾. A peine ai-je posé les yeux sur le train qu’un souvenir jaillit dans mon esprit : Je descends du train, avec deux petites filles, on est jeunes, je devais avoir onze ans. On rigole ensembles puis je leur fais coucou de la main et rejoint mes parents et mon grand-frère qui me caresse les cheveux. Je cligne plusieurs fois des yeux et sourit un peu. Un souvenir. Plus j’irai dans des endroits où je suis allée, plus j’aurai de souvenirs qui reviendront.

« Je me rappelle… Je devais avoir onze ans, je suis descendue du train avec deux amies. »

Ma famille se retourne vers moi, d’un seul bloc. C’est le premier souvenir qui me revient depuis que je me suis réveillée du coma. Ma mère vient me serrer dans ses bras en rigolant, heureuse. Je suis sur la bonne voie, je le sais. Après avoir dit au revoir à mes parents, je monte dans le train en tenant fermement la main de mon frère. Je ferais le voyage avec lui, étant donné que je ne connais personne d’autre dans ce train.

Arrivée à Poudlard, je ne cesse de m’émerveiller, ce qui fait rire mon aîné bien évidemment. Je lui tiens toujours la main, il me donne un étrange sentiment de protection. Je me sens mal face à tous ces élèves qui me regardent avec curiosité alors que moi, je ne les connais pas. Leurs regards me mettent mal à l’aise.

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Maintenant, je suis en sixième année. J’ai obtenu 9 BUSE sur les 10 que j’avais passés. Ce n’est pas si mal pour moi. Après tout, je suis rentrée en cinquième sans connaître toute la matière. J’avais tout oublié sauf les sorts les plus rudimentaires comme Accio. Quelques souvenirs sont revenus lorsque je me trouvais en présence de certains élèves, certains professeurs mais malheureusement pas encore assez pour que je sache parfaitement ce qui s’est passé pendant mes premières années à Poudlard. J’ai encore du mal avec les prénoms de certains amis… Mais ils ne m’en tiennent pas rigueur. Ils savent bien ce qu’il m’est arrivé et font tout pour m’aider. Je ne leur serai jamais assez reconnaissante. Je me suis beaucoup renfermée sur moi-même et envoie souvent les autres élèves dans les roses. D’où mon surnom « Rose Noire ». Bizarre, non ? En même temps, si on m’énerve, c’est vrai que je peux être une diablesse. Je n’ai pas froid aux yeux comme diraient certains et je me comporte en vraie petite serpentarde comme dirait mon frère. Il m’a déjà vue envoyer des gens dans les roses ou manquer de leur jeter un sort parce qu’ils venaient me dire qu’ils étaient désolés pour ce qui m’était arrivé. Je ne veux pas de pitié, je l’ai bien dit. Les amies que j’avais déjà avant mon accident m’ont raconté certaines histoires sur nos premières années à Poudlard. Apparemment, j’aurai joué un tour à un professeur une fois, et des tas aux élèves. Je suis bien partie pour marcher sur les traces de Fred et Georges Weasley. Je ne sais pas qui ils sont exactement mais mon frère m’a déjà raconté ce qu’ils ont fait à Poudlard lorsqu’ils étaient plus jeunes. Doucement, j’apprends à revivre en compagnie de mes amis, de ma famille… Et j’essaye de récupérer mes souvenirs… Je ne sais pas combien de temps ça me prendra, quel effort ça me demandera mais je ferais tout jusqu’à les avoir récupérés. Je n’abandonnerai jamais !